Le Conseil fédéral veut pouvoir obliger les personnes effectuant un service civil à s’engager dans la protection civile. La Conférence Mennonite Suisse s’y oppose. Dans une prise de position, celle-ci a fait part de sa volonté dans le cadre de la consultation sur les modifications législatives nécessaires.
Si l’on en croit le Conseil fédéral, la protection civile manquera bientôt de personnel. C’est pourquoi il veut pouvoir obliger les civilistes à effectuer des affectations dans la protection civile. Cela nécessite des modifications de la loi sur le service civil, qui étaient en consultation jusqu’au 2 mai. La Conférence mennonite suisse (CMS) s’oppose au projet du Conseil fédéral et a déposé une prise de position dans ce sens.
Ne pas affaiblir le droit à l’objection de conscience au service militaire
« Même si les changements semblent minimes, ils modifient les fondements du service civil », explique Lukas Amstutz, coprésident de la CMS. Selon lui, les mennonites ont largement contribué à la mise en place du service civil en Suisse. « La prise de position doit contribuer à préserver cet acquis important. » La CMS, qui fait partie des Eglises historiques de paix, justifie sa position négative par le fait que les changements rendraient le service civil moins attractif. Le seuil pour s’y engager serait ainsi plus élevé. Cela équivaudrait à un affaiblissement du droit à l’objection de conscience. De plus, le service civil se rapprocherait à nouveau de l’armée et la séparation claire qui existait jusqu’à présent serait affaiblie. Celle-ci est importante du point de vue de la théologie de la paix. Même sans modification de la loi, il est aujourd’hui possible de convoquer des civilistes pour la protection civile en cas de catastrophe, constate la CMS.
Contrecarrer dès le début
Lukas Sägesser a contribué de manière déterminante à cette prise de position. Il est membre de la communauté évangélique mennonite de Schänzli et s’engage au sein du comité de Civiva, la Fédération suisse du service civil (voir encadré). Il déclare : « Pour beaucoup, la possibilité d’effectuer un service civil est quelque chose qui va de soi. Les propositions de modification du Conseil fédéral montrent qu’il n’est pas gravé dans le marbre. » Selon lui, il y a aussi des voix politiques qui souhaitent fusionner complètement le service civil avec la protection civile et le subordonner au Département de la défense. « Cela va décidément trop loin », dit Lukas Sägesser. C’est pourquoi il est important de contrecarrer cette tendance dès le début.
Texte:
Simon Rindlisbacher
Photo:
Gaëtan Bally